dimanche 26 février 2012

Sur l'Amazone, entre Belém et Manaus (2e partie)

Nous débarquons du bateau. Nous sommes heureux de revenir dans la civilisation. Nous sommes étourdis par le ronronnement du moteur semblable à celui d'un moteur d'avion. Et nos jambes ne sont plus habituées de marcher et nous devons nous rendre au centre-ville pour prendre un autobus pour Alter do chão.



Après deux minutes de marche, un taxi s'arrête à notre hauteur et deux Allemandes nous invitent à monter avec elles. Elles profitent de la pause de 4h avant de poursuivre leur chemin vers Manaus. La tante et sa nièce sont en vacances et veulent voir du pays.

Nous leur parlons d'Alter do chão et elles sont tout de suite très excitées à l'idée d'y aller. Le conducteur du taxi charge les yeux de la tête, c'est-à-dire 200 reais (120 $) pour l'aller-retour pour un trajet de 45 minutes. Nous indiquons aux Allemandes que nous préférons prendre l'autobus pour la modique somme de 2,50 reais (1,50 $) par personne.

La tante ne discute pas, paie la note sans négocier et nous invite à rester dans le taxi, direction Alter do chão. Merci matante Hauptmann! C'est certain que nous apprécions cette attention, mais nous sommes quand même inconfortables vis-à-vis de cette attitude qui fait en sorte que les touristes sont pris pour des guichets automatiques par la suite.

À Alter do chão, c'est le carnaval. Des jeunes hommes déguisés en filles font la cour à Guillaume. Nous échangeons quelques niaiseries et nous nous rendons dans une auberge, supposément la moins chère en ville. Les bras nous tombent quand nous voyons que le prix pour poser notre hamac est plus élevé qu'une chambre pour deux personnes à peu près n'importe où ailleurs au Brésil. Malgré tout, il est tard, nous acceptons donc, à contrecoeur, de payer le gros prix.

Alter do chão n'est pas connu de beaucoup de gens. D'ailleurs, les touristes qui faisaient partie du voyage en bateau se demandent pourquoi nous arrêtons à Santarém. Pourtant, l'endroit mérite de s'y arrêter. La ville est sympathique et il y a des kiosques où sont vendus des plats locaux.

Guillaume fait confiance à la suggestion du Lonely Planet et commande une tacacá, une soupe à base de manioc, de feuilles de jambu et de crevettes séchées, servie avec un bâton, pour quoi faire, nous n'en savons rien. Nous ne sommes pas convaincus. Elle est sucrée et salée, en plus d'être visqueuse. Et le bâton ne sert qu'à tenter de piquer les crevettes miniatures. Difficile de ne rien renverser. Disons que le déjeuner du lendemain ravive nos cœurs. Nous tombons dans une petite place miniature tenue par une Brésilienne et son mari, un gringo, et leurs deux enfants. Nous avons droit à du vrai pain complet aux grains germés – que les Brésiliens laissent dans l'assiette – à un jus frais, à du vrai bon café, à un œuf et à du miel, sans oublier les galettes de tapioca exquises.

Maintenant, nous y venons, le plus intéressant à Alter do chão est à quelques minutes en chaloupe, c'est l'Ilha do Amor. À ce temps-ci de l'année la plage est en grande partie inondée, mais c'est tout de même magnifique. Guillaume traverse en chaloupe, tandis que Rachel est trop excitée de traverser à la nage. C'est tout prêt, mais il faut éviter les bateaux à moteur et les motosmarines et les vagues qu'ils forment dans leur sillon.

Nous passons toute la journée sur l'île, Rachel est dans l'eau et Guillaume, à l'ombre. Nous avons oublié la crème. À la fin de la journée, Guillaume a rougi. Imaginez Rachel. Elle a l'air d'un raton laveur – elle a porté ses lunettes de soleil toute la journée.

Rachel revient à la nage. Nous nous dépêchons à manger un vatapá, un des plats les plus populaires du Brésil d'origine africaine, des fruits de mer dans une sauce épaisse de manioc et de coco. Ensuite, nous allons récupérer nos sacs chez le voleur pour retraverser vers l'île. Nous ne nous ferons pas prendre deux fois, nous ferons du camping gratuit en solitaire sur l'île.


Nous arrivons au coucher de soleil, encore une fois sublime. Nous installons la tente et Guillaume allume un petit feu. Rachel se baigne, pour la énième fois aujourd'hui.

En matinée, nous remballons tout et allons déjeuner chez nos hôtes avant de retourner à Santarém pour prendre le bateau qui nous mènera à Manaus.


Nous sommes heureux de découvrir que ce second bateau est plus luxueux que le premier. Il y a des prises pour brancher l'ordinateur, un bel espace de repas, des chaises longues sur le pont et la nourriture est bonne. Nous installons nos hamacs et tout de suite vaquons chacun à nos loisirs. Guillaume lit un thriller américain faible en rebondissements en grignotant des biscuits au coco, tandis que Rachel se prélasse dans son hamac en regardant l'horizon.

En soirée, il pleut à boire debout et les housses sont levées. Nous nous faisons attaquer par les coquerelles. Nous ne savions pas que cette vermine volait. Rachel en reçoit une dans ses cheveux de la grosseur d'une clémentine et lâche tout un cri. Les Brésiliens rient. La nuit s'annonce stressante. Il fait chaud emmitouflé dans un sac de couchage allant à -9°C.

Au petit matin, c'est l'anniversaire de Guillaume. Par chance, il n'est pas trop déçu d'être sur un bateau. Tant mieux parce qu'il n'a pas trop le choix. Pour son anniversaire, Rachel organise des activités : boire un guarana, rien de moins, souper sur le pont en regardant le coucher de soleil sur l'Amazone et les dauphins roses...

Le lendemain matin, nous arrivons à Manaus, la plus grande ville d'Amazonie. Ce fut toute une expérience que nous ne sommes pas près d'oublier.

À Manaus, notre première action, avant de visiter la ville, est d'acheter notre billet d'avion pour le Panama. Eh oui, nous quittons l'Amérique du Sud cette nuit. Nous avons passé presque huit mois dans ce continent et avons vécu d'incroyables expériences qui resteront gravées dans nos mémoires. Nous avons en quelque sorte bouclé la boucle. Nous aurions voulu la boucler à Carthagène, la première ville visitée, en passant par le Vénézuéla, mais nous courrons rejoindre des amis du Québec qui viennent à notre rencontre au Costa Rica dans moins de deux semaines, à notre plus grand plaisir.

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