vendredi 24 février 2012

Sur l'Amazone, entre Belém et Manaus (1re partie)

C'est le grand départ pour le trajet en bateau sur l'Amazone, entre Belém et Manaus. Le voyage prendra six jours et cinq nuits. Nous couperons le trajet en deux en nous arrêtant deux jours à Santarém, plus précisément à Alter do Chão. Pour les courageux, il est possible de naviguer sur l'Amazone depuis Belém du côté atlantique au Brésil et de terminer le voyage environ trois semaines plus tard en Équateur ou au Pérou. 

Nous sommes à Belém. Notre bateau quitte le port à 18h et nous devons nous y rendre au moins 3h à l'avance pour installer notre hamac. Premiers arrivés, premiers servis. Heureusement, nous sommes en début de file. Une fois le signal lancé, tout le monde se rue vers le pont supérieur. Nous trouvons un coin et Rachel s'occupe de faire les nœuds, n'ayant pas perdu ses notions apprises plus jeune dans les louvettes. Nous sommes assez satisfaits de notre emplacement, au milieu du bateau du côté le plus près de la jungle, loin des toilettes. Nous nous rendons compte qu'il y a une section avec air conditionné. Bizarrement, nous n'avons jamais eu vent de ça, alors que tous les autres touristes s'y trouvent. Au fil des jours, cet endroit fermé commence à puer. Nous préférons être sur le pont supérieur au grand air.

À la dernière minute, une famille vient s'installer juste à côté de nous, une mère et ses trois filles, dont l'une n'a que quelques mois. Nous nous regardons découragés pensant que nous ne pourrons pas dormir. Finalement, la famille est très sympathique et la toute petite, mignonne et très calme. Nous passons nos journées dans notre hamac à lire ou sur le pont à regarder les Indiens dans leur chaloupe devant leurs petites maisons sur pilotis. Nous avons bien pris le soin de nous procurer des livres avant le trajet. Depuis le début du voyage, nous échangeons nos livres dans les auberges et nous nous les partageons.

La vie est assez paisible sur le bateau. Contrairement aux avertissements du Lonely Planet, nous sommes assez bien et contents d'être ici. En général, nous ne voyons aucun problème. Il y a des douches et des toilettes assez propres (selon nos nouveaux standards). Nous ne pensions pas dormir si bien dans un hamac. Le vent du large compense l'humidité. La bouffe est respectable, sauf celle servie au déjeuner (un pain mou avec du fromage et du jambon bon marché, du café sucré et du tapioca qui donne envie de vomir). Le matin, nous aimons bien croquer des noix de Brésil et déguster un fruit qui ressemble à une poire dont l'intérieur est rosé. Malheureusement, nous ne nous rappelons pas de son nom.

Des fois, un Indien accoste sa chaloupe sur le bateau et vient offrir des crevettes séchées ou des cœurs de palmier. Nous sautons sur l'occasion. Ça change un peu de la bouffe habituelle : du riz, des haricots et du poulet. Lorsque nous faisons un arrêt dans une ville, c'est la même chose. Nous avons droit à des sorbets, des noix de coco et du fromage... douteux. Nous rions tous lorsque le bateau repart et que les jeunes vendeurs doivent sauter à l'eau en tenant leur sac de fromage à bout de bras en essayant de nager dans le courant pour rejoindre la berge.

Ce voyage nous permet de nous reposer. Nous lisons énormément et faisons de longues siestes. Vers 17h, nous montons sur le pont pour admirer les couchers du soleil – les rayons multicolores se couchent dans l'Amazone après avoir tranquillement descendus dans le ciel bleu – , ils font partie des plus beaux parmi ceux admirés au cours de nos voyages – notamment ceux de Zadar en Croatie et ceux dans le désert de Wadi Rum en Jordanie. Bref, les amateurs de couchers de soleil peuvent mettre l'Amazone en tête de liste.

En milieu du voyage, notre bateau s'arrête sur le bord de la jungle pour cause de problèmes de direction. C'est tout un hasard, le capitaine nous ayant informés plus tôt qu'il faisait le trajet depuis 38 ans et qu'aucun bris ou événement fâcheux n'était survenu. Un membre du personnel saute à l'eau et nage jusque dans la brousse pour installer une corde à un arbre. Il revient indemne. Ceux qui s'imaginaient que l'Amazone était bourré de piranhas et de crocodiles seront déçus d'apprendre que le voyage est plutôt calme en ce qui concerne la faune.

Le bateau reprend sa route après le souper, sans trop de retard. Nous jouons aux cartes et commençons à connaître par cœur les succès forro, du pop brésilien, qui jouent en boucle depuis notre départ de Belém. Pour nous désennuyer, nous nous organisons des activités qui n'en sont pas vraiment : pause guarana, pause chocolat, pause promenade dans le bateau, pause lecture, pause sieste, pause discussion, pause photographies.

Après trois nuits sur l'Amazone, nous arrivons au port de Santarém. La suite, dans notre prochain message.

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