samedi 5 novembre 2011

Bloqueos et dynamite


Dans l'autobus pour Cochabamba, le jeune homme qui n'a pas l'âge de travailler, mais qui pourtant est responsable de charger les bagages vient nous demander l'équivalent du prix du billet d'autobus pour placer nos bagages sous l'autobus. Nous lui rappelons que le prix du billet d'autobus inclut le transport des bagages. Il se plaint et s'énerve. Nous faisons donc venir sa supérieure. Elle le regarde d'un air sévère et il se met à pleurnicher, il s'est fait bobo avec nos sacs, c'est pourquoi il veut de l'argent. Nous aurons tout vu.

À Cochabamba, nous logeons dans une chambre qui se dispute le titre de ''chambre la plus crade'' avec celle de Carthagène. Les murs sont couverts de coulisses d'une substance non identifiée, les lits, n'en parlons pas, ils sont défoncés. Pas de taies d'oreillers. Des toilettes atroces dans le jardin de béton. Qu'est-ce qu'on ne ferait pas pour économiser ? En Amérique du Sud, tout est pensé pour les petits. Guillaume a une collection de bosses sur le coco. Même Rachel se sent trop grande.

À part cela, tout va bien. Nous flânons dans cette ville étudiante. Nous parcourons le marché à la recherche de cossins pour les cheveux de Rachel, dans un brouhaha de femmes qui vendent leur marchandise, un bébé dans le dos, un autre qui tète et deux autres qui flânent, un téléphone cellulaire sur l'oreille. Nous croisons un mec qui cire les chaussures, un cache-cou sur le visage pour se protéger de la pollution et du jugement des autres. Bizarrement, il veut à tout prix cirer nos sandales en tissus. Sinon, Guillaume se fait interpeller constamment par des barbiers qui le trouvent un peu trop pouilleux.

Au déjeuner, la cuisinière du restaurant sort dans la rue et revient avec du jus pressé. Cette situation arrive fréquemment. C'est assez comique. Lorsqu'il manque des ingrédients pour un repas ou qu'il manque de monnaie dans la caisse, nos hôtes partent dans la rue à leur recherche.

Nous filons ensuite vers Sucre. En pleine nuit, l'autobus s'arrête dans un brouhaha chaotique de gros camions et d'autobus. Des Boliviens bloquent le chemin et revendiquent on ne sait trop quoi. Est-ce contre la route que le gouvernement veut construire dans un parc national ou pour une autre raison ? Les fameux bloqueos sont un véritable sport national en Bolivie. La seule façon de se faire entendre par les autorités dans ce pays est de bloquer tous les accès à une ville jusqu'à ce que le gouvernement cède. Il y a même une saison des bloqueos, après les récoltes, lorsque tout le monde s'emmerde. Bref, les bloqueos sont une véritable institution sociale et personne ne semble s'énerver (sauf les touristes) quand les routes sont bloquées tellement cela fait partie des moeurs.

En matinée, nous arrivons enfin à Sucre après être passés par une route alternative. Nous espérons suivre des cours d'espagnol. Guillaume part à la recherche d'un hostal à bon prix avec un Français motivé. Après une heure, nous nous rendons compte que le logement est assez cher. Nous décidons donc de repousser le moment de suivre des cours d'espagnol.

Nous visitons rapidement Sucre, son mirador et ses rues animées. Nous tombons sur une gare de train abandonnée et passons quelque temps à jouer dans un vieux train.

Nous planifions de nous lever très tôt pour regarder le match final de rugby France / Nouvelle-Zélande avec les Français particulièrement motivés par ce sport encore inconnu chez nous. Finalement, la nuit s'avère longue pour Rachel qui passe son temps entre la chambre et la salle de bain. Nous soupçonnons l'almuerzo pris plus tôt dans la journée.

Enfin, nous prenons un taxi pour Potosi. Les bloqueos ne nous permettent pas de prendre un autobus. Arrivés dans la plus haute ville au monde, le souffle est court, mais le détour en vaut la peine. Nous visionnons le film The Devil's Miner et partons ensuite faire un tour dans les mines, vêtus comme des mineurs. La visite a ses risques. Nous décidons quand même de la faire. Après tout, les Boliviens qui travaillent dans les mines y vont même s'ils savent que les poussières toxiques réduisent considérablement leur espérance de vie. Plus de huit millions de travailleurs sont morts dans les mines de Potosi, surtout sous l'époque coloniale espagnole. Encore aujourd'hui, les conditions de travail sont moyenâgeuses.

Notre guide, un jeune qui n'a pas la langue dans sa poche, nous fait vivre une expérience déstabilisante, mais aussi très drôle. Il nous explique que la dynamite est vendue librement dans les marchés. Les mineurs s'en procurent pour leur travail dans la mine. On nous explique aussi pourquoi la police n'intervient pas pour disperser les bloqueos, avec toute cette dynamite en circulation... D'ailleurs, les mineurs ont fait sauter l'aéroport l'année passée lorsque le gouvernement a tenté de faire évacuer les touristes après trois semaines de conflit.

Nous passons finalement un bon 3 h avec des mineurs à boire du whisky bolivien 96 %, vendu au marché interne, et à faire sauter de la dynamite. En soirée, Guillaume part avec le guide au bar des mineurs pour discuter des bloqueos. Nous voulons partir vers Uyuni et tout est bloqué. Cette soirée avec les mineurs est toute une expérience, mais Guillaume tient à obtenir un maximum de renseignements pour passer les bloqueos le lendemain. Heureusement, pendant que Guillaume et les mineurs ont des conversations de taverne pas très constructives, d'autres, plus raisonnables, arrivent au même moment à un accord pour mettre fin au conflit.

Finalement, nous partons pour Uyuni sans avoir à passer les bloqueos, le Salar nous attend.

1 commentaire:

  1. l'almuerzo fait continu de laisser ses traces, et puis Rachel un petit Napolitana sur Dente ça te tente pas ? Pas possible pour vous de travailler un peu dans les mines question de vous faire un peu d'argent ?
    Est-ce que vous vous êtes acheté un chandail " Viva los bloqueos "

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