samedi 24 décembre 2011

Ushuaia : la fin du monde

Après une longue journée de route avec Juan, nous arrivons à minuit dans la ville pétrolière Caleta Oliva. Nous sommes tous crevés et il est hors de question de chercher un hostal à cette heure tardive sachant de toute façon que les prix seront élevés. Juan nous dépose donc à la plage municipale où nous installons notre tente près des jeux d'enfant et des jeunes qui viennent boire leur bière devant la mer. Comme vous pouvez vous l'imaginer, on a déjà vu mieux. Heureusement, la nuit est calme et nous arrivons à bien dormir.

Notre aventure sur le pouce commence réellement le lendemain matin. Nous attendons un long moment jusqu'à ce qu'un 4x4 nous prenne pour environ 500 km. En fin d'après-midi, nous nous faisons laisser au milieu de nulle part sur la route 3, mais nous attendons peu pour qu'un camionneur nous prenne jusqu'à l’embranchement pour la Terre de Feu, après avoir traversé du côté chilien. Nous montons notre tente dans un truck stop. Nous nous levons prêts pour notre dernière journée de pouce jusqu'à Ushuaia.


Un premier 4x4 nous prend très rapidement et nous amène jusqu'à la première ville chilienne du côté de la Terre de Feu. Sur le traversier, le gars nous encourage fortement à solliciter les camionneurs argentins pour savoir s'ils se rendent à notre destination : « c'est ça, où vous allez trouver la journée longue », dit-il. Rachel trouve un camionneur prêt à nous prendre plus loin dès qu'il aura déposé un ami. Nous faisons cette correspondance toute en douceur et traversons la frontière de nouveau du côté argentin sur une route particulièrement en mauvais état et donc extrêmement longue en camion. Arrivés à Rio Grande, nous avons à peine le temps de lever le pouce qu'un autre camionneur nous prend jusqu'à Ushuaia.

Après trois jours de route, nous y sommes enfin, au bout du monde. Nous avons fait des milliers de kilomètres sur les routes de la Patagonie. Des heures de route où il n'y a pratiquement rien : des moutons, une plaine sans fin et quelques guanacos (cousin lointain du lama), des autruches et des lièvres. Ce sont aussi des heures de route à jaser avec les truckers de tout et de rien, prendre le maté ou manger un peu. Guillaume prépare une soupe sur le réchaud sur la route. Les camionneurs nous gâtent en nous donnant de la nourriture et en arrêtant aux points de vue pour que nous puissions prendre des photos. En arrivant à Ushuaia, nous prenons la direction d'une auberge afin de prendre une douche bien méritée.

À Ushuaia, l'heure est aux bilans. Depuis maintenant près de six mois, nous voyageons en Amérique du Sud. Nous avons traversé la Colombie où nous garderons un souvenir impérissable du parc Tayrona, de la vallée du café et de notre chambre miteuse à Carthagène. De l'Équateur, nous nous souviendrons des oiseaux de Puerto Lopez et du calme de la boucle de Quilotoa. Le trek Santa Cruz et la visite du frère de Rachel resteront pour nous les moments forts de notre passage au Pérou. Nous retiendrons de la Bolivie notre excursion à Rurrenabaque et le fabuleux Salar d'Uyuni. Pour ce qui est de l'Argentine et du Chili, ils sont les pays que nous avons préférés jusqu'à maintenant même s'il reste encore beaucoup à faire avant de faire notre bilan de ce continent.

Ceci étant dit, nous sommes très loin de la fin, alors nous profitons de la ville plutôt que de tomber dans la nostalgie. Ushuaia est une très belle ville pour une destination aussi isolée. Malheureusement, tout est cher alors nous décidons de laisser tomber le parc national et d'accélérer le rythme avant Noël.

Après deux jours, nous décidons de partir sur le pouce à Punta Arenas du côté chilien. Nous avons droit comme premier transport à un archéologue qui explique à Guillaume comment il mesure la température de l'eau il y a des siècles avec des coquilles d’huîtres. Ensuite, c'est un policier qui revient d'une formation au Texas qui nous prend pour deux heures de route. Il nous montre les bouts de route qui ont été élargis pour servir de piste d'atterrissage lors de la guerre des Malouines. À ce sujet, croyez-moi que les Anglais ne sont pas les bienvenus par ici et les Argentins ne manquent pas une occasion pour rappeler que ces petites îles sont à eux.

Puis, un camionneur particulièrement plate et lent nous amène à la frontière. Nous restons légèrement pris dans ce no man's land jusqu'à ce qu'un gentil camionneur nous amène sur la terre ferme où nous avons finalement notre dernier lift avec un monsieur qui vient de livrer du pétrole. Grosse journée de 15 h pour nous et une grosse économie sur le transport.

Nous sommes fatigués, mais nous sommes plus riches en argent et en expériences.

1 commentaire:

  1. C'est un réel plaisir de vous lire. Rachel, je pense souvent à toi en prenant soin de ma petite Raphaële. Je vous souhaite, à Guillaume et toi, une trèèèèès belle année 2012. Que cette formidable aventure se poursuive. Steph xxx

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