lundi 31 octobre 2011

La Paz : comment se faire organiser


Après la tranquille Isla del Sol, La Paz offre tout un changement de registre avec ses rues bondées et son trafic infernal. C'est la version sud-américaine de Bangkok : on ne trouve pas la paix à La Paz. Nous nous installons dans un hostal de gringos, parfait pour se reposer du rythme des dernières semaines. La ville ? Désolés, nous ne sommes pas tombés amoureux avec elle sauf pour la magnifique vue sur les montagnes. Nous avons donc misé sur les activités dans les environs pour occuper notre temps.

Les affiches annonçant des combats de lutte entre cholitas attirent rapidement notre attention. Il s'agit de femmes arborant les vêtements traditionnels, dont le cholita (chapeau haut de forme), qui pratiquent la lutte américaine style WWF dans un centre sportif d'El Alto en banlieue de La Paz. Le tout s'annonce particulièrement divertissant. Une compagnie offre un tour organisé aux gringos avec transport privé, siège VIP, snack et souvenir pour 80 bolivarianos (10-12 $). Le seul hic : il est hors de question d'aller voir de la lutte au prix d'un repas bien arrosé dans un restaurant chic de La Paz.

Nous tentons alors par tous les moyens d'obtenir les renseignements pour nous rendre de façon autonome et éviter cette attrape-touristes. Après nous être fait raconter des conneries par les professionnels du tourisme comme quoi le prix est le même avec ou sans transport et que le quartier est dangereux, nous finissions tout de même par trouver l'information sur Internet et nous prenons un ''micro'' (autobus local) pour El Alto à 1 bolivarianos. Arrivés dans le quartier supposément dangereux (j'ai peur maman, quelqu'un nous menace avec ses concombres), nous marchons à travers un marché et arrivons pour acheter nos billets. Surprise : la compagnie qui offre les tours a pris le contrôle de la place et il est interdit de vendre des billets aux touristes au prix régulier (15 bolivarianos). Nous protestons fortement et demandons à une fille de la compagnie pourquoi il faut payer plus cher. Réponse : "C'est écrit sur l'affiche juste là''. Merci Socrate.

Rachel retourne à la billetterie et offre une performance digne d'un oscar pour essayer de convaincre le gars de nous vendre le billet à prix régulier (en offrant un léger supplément). Le gars hésite vraiment et prend presque l'argent, mais la fille de la compagnie se pointe au même moment et il dit qu'il ne peut pas le faire parce qu'elle le surveille. Nous finissons par payer 50 bolivarianos (8 $) pour l'entrée version gringo et prenons place à l'intérieur. Nous avons droit à notre snack (du pop-corn que les touristes lancent sur les lutteurs), à notre souvenir (une carte postale) et surtout à nos sièges VIP en première loge. C'est donc entre blancs (les Bolivariens sont dans des estrades séparées puisqu'ils forment visiblement une caste inférieure aux yeux de la compagnie qui organise l'évènement) que nous assistons au début du spectacle. Tous les classiques de la lutte sont là : le bon, le méchant, l'arbitre vendu, le promoteur chiant, les impossibles revirements, les altercations avec la foule, le nain, les objets cachés pour frapper l'adversaire, etc. Évidemment, c'est les cholitas qui retiennent l'attention.

Nous profitons du spectacle jusqu'à ce qu'il y ait une panne électrique. Malgré tout, le spectacle continue et une touriste se fait même projeter un lutteur sur la gueule - c'était donc ça les sièges VIP. Nous quittons les lieux quelques minutes plus tard avec les transports locaux, bien heureux d'avoir économisé quelques dollars par rapport aux autres touristes, mais extrêmement consternés par la ségrégation quant à l'octroi des sièges. Notre haine envers les agences touristiques a augmenté d'un cranc lors de cette soirée. Le lendemain, nous donnerons la chance aux agences de refaire leur réputation puisque nous nous attaquerons à la route de la mort avec l'une d'entre elles.

Le lendemain matin, nous nous levons tôt pour descendre à vélo la ''route de la mort'', une ancienne route extrêmement dangereuse avec des ravins de plusieurs centaines de mètres et d'une largeur avoisinant parfois 3,2 mètres. Les statistiques évaluent une quinzaine de cyclistes morts depuis 2008. D'ailleurs, nous n'avons jamais vu autant de croix sur le bord d'une route. Nous commençons la route en haute altitude à 4700 mètres et le tout se termine dans la jungle à 1200 mètres. Alors oui, ça va vite. C'est une descente de 65 km, qui prend environ 4 h.

Au début, il fait froid et nous devons attendre près d'une heure au sommet avant de partir (ça commence bien). Le départ est enfin donné et nous frappons très tôt de la pluie qui se transformera en grêle. Il devient très difficile de garder les yeux ouverts tellement ça fait mal (les lunettes qu'on nous avait promises auraient été appréciées). Nous arrêtons prendre une pause et nous gelons puisque nous sommes complètement mouillés. À la reprise, la température augmente tranquillement au fur et à mesure que nous descendons : le sourire revient. Guillaume suit le guide de près et ils prennent toujours quelques minutes d'avance sur le groupe. Rachel s'adapte tranquillement et prend de plus en plus de vitesse. Nous avons parfois le souffle coupé par la hauteur et les virages serrés et aussi par les cascades du guide qui fait des arabesques sur les rochers perchés dans le vide.

À la fin du trajet, nous avons droit à un almuerzo (dîner) et à une piscine peu invitante pleine d'algues. Nous reprenons nos forces pendant que les employés de l'agence préparent le retour à La Paz. Après deux heures d'attente, nous commençons à nous impatienter et Rachel va chercher des vêtements pour se réchauffer à l'intérieur de la camionnette, là où se trouvent nos sacs. Surprise : les chauffeurs sont partis au village. Le groupe s'impatiente sérieusement et il est facile de voir dans le visage des guides que quelque chose ne tourne pas rond. Finalement, les chauffeurs arrivent en trombe, la musique dans le tapis, et le plus amoché ouvre la porte en vitesse pour vomir. Au même moment, Guillaume respire un nuage d'alcool, lui qui est aux premières loges de ce délicieux spectacle.

Le groupe se rebelle et clame haut et fort que nous ne prendrons pas la route avec ces chauffeurs complètement saouls. Un des guides tente maladroitement de nous rassurer ''Ce chauffeur-là est moins pire que l'autre''. Ah oui, le gars qui doit s'accoter sur un mur pour rester debout et qui a écrasé une chaise avec la camionnette. Nous sommes très rassurés !

Nous contactons l'agence de voyages pour qu'elle nous trouve d'autres chauffeurs. Nous perdons une bonne heure avant qu'elle trouve quelqu'un d'un village voisin. Heureusement, le moral est bon dans le groupe et nous préférons rire de la situation. La minifourgonnette avec un chauffeur sobre arrive enfin, mais nous préférons prendre un taxi qui nous mènera tout près à Coroico. Nous attendons encore plusieurs longues minutes ce fameux taxi que la madame du restaurant nous a appelé. Finalement, le gars se pointe et livre une roue de tracteur à la madame. On dirait que quelqu'un a profité de l'occasion pour faire une petite commission sur notre dos...

Nous prenons le taxi qui passe par la route de la mort jusqu'à Coroico où nous choisissons un bon hôtel. Nous sommes heureux de relaxer dans une auberge en montagnes. Nous passons une belle journée dans la piscine, nous lisons et flânons. Le soir, nous mangeons une fondue au fromage à bas prix. C'est le luxe. Par contre, il ne faut pas croire que nous nous laisserons attendrir, même si nous avons eu le temps de calmer un peu notre frustration.

Vous nous reverrez bientôt à La Paz pour une petite jasette avec une certaine agence...

1 commentaire:

  1. ok d'accord, un peu plus tard dans les maritimes, mais on dirait que j'avais bien des choses sur les listes à terminer et exécuter. Espérant que le fromage de la Bolivie est mieux que celui del Péru. Photo de vous 2 saut dans les airs avec paysage, euh il me semble avoir déjà vu ce concept(est-ce une idée à Rachel). Alors, les agences de La Paz, elles connaissent bien le business du tourisme à en lire votre récit. Pas possible de se faire passer pour un local ? J'aime bien l'histoire de la commission avec votre changement de chauffeur. Cela me rappel au Péru avec notre transport en revenant de la marche sur chemin de fer et bain en reconstruction. a+

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