Mine de rien, c'est le quatrième Noël que nous passons
à l'extérieur du Québec au cours des sept dernières années. Comme l'an dernier,
nous profitons de l'occasion pour nous offrir du bon temps. Nous logeons dans
un super endroit à 10$ (wow, ils fournissent des brosses à dents) et mangeons
bien gras. C'est d'ailleurs ce qui est bien avec le Cambodge. Il a gardé le
meilleur de la colonisation française: baguettes, croissants, vins relativement
abordables, mais sans les Français. Les mauvaises langues diront que c'est ça
le paradis!
Question de fêter Noël en grand, nous nous payons un
restaurant français chic de la capitale. Rien de moins qu'un repas cinq
services avec du bon vin. Le foie gras en entrée est sublime, tout comme le
magret de canard en plat principal. Certains diront: « Vous vous faites
chier tous les jours pour économiser des montants dérisoires dans le but de vivre
avec un budget de 10-15$ par jour. Ce n'est pas un peu paradoxal de claquer
votre argent tout d'un coup dans un restaurant chic? »
Réponse: Oui.
Sinon Phnom Penh est une ville assez calme. La
promenade sur le bord du fleuve Tonlé Sap est sympathique et il y a quelques
édifices intéressants dans les environs. Nous sommes par contre moins absorbés
par la visite que par l'idée d'enfiler quelques chocolatines et croissants aux
amandes.
Le 25 décembre, nous décidons de profiter de cette
journée de réjouissances pour visiter le musée du crime génocidaire (Tuol Sleng
S-21). Lorsque les Khmers rouges prennent d'assaut Phnom Penh en avril 1975,
ils vident la ville de tous ses habitants en moins de deux jours. L'idéologie
de ces psychopathes vise à créer une société où l'on retrouve qu'une seule
classe, les paysans. Tout le monde est envoyé dans les rizières pour le travail
forcé dans des conditions déplorables. Les intellectuels, les artistes et les dissidents
sont liquidés dans des camps de concentration, comme la prison S-21. Au total,
près de deux millions de Cambodgiens trouvent la mort pendant les quatre années
au pouvoir de Pol Pot. Ce sont les Vietnamiens qui mettent fin à l'hémorragie
en intervenant militairement en 1979.
Revenons à la prison S-21. On estime que 15 000
personnes sont passées par ici avant de connaître la mort. Nous visitons les
cellules de prisonniers, les cellules de torture et feuilletons la
documentation que ces illuminés ont mise en place pour documenter leur crime.
Chaque prisonnier a son dossier avec sa photographie, sa biographie et les
aveux – factices – de ses « crimes » obtenus sous la torture. Ce
n'est pas la visite la plus facile.
Difficile d'arriver à comprendre ce qui a pu arriver
lors de ces quatre terribles années. En fait, pour arriver à comprendre, il
faudrait qu'il y ait une dose de rationalité dans tous ces évènements et ce
n'est pas le cas.
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