Pour quitter le Vietnam et rejoindre le nord du Laos,
nous entreprenons un voyage épique de 25h d’autobus à travers les routes sinueuses
de l’arrière-pays. La première portion du voyage se passe la nuit, dans notre
couchette double. Arrivés à Diên Biên Phu, lieu de défaite des troupes
françaises lors de la guerre d’Indochine, nous sautons sans trop attendre dans
une fourgonnette pour la deuxième portion du voyage. À la frontière, nous
devons affronter des douaniers corrompus qui nous obligent à payer pour
« les frais d’estampillage » et pour un test de dépistage du virus
H1N1. Nous les envoyons solidement promener à la réception du passeport,
question de rentabiliser nos pertes. Sinon, le reste du voyage se passe comme à
l’habitude, si ce n’est que d’un touriste américain qui s’est mis dans la tête
de voler le siège d’un local qui le réclame par la suite en le menaçant avec
une machette. La routine, quoi! Crevés, déshydratés, affamés, nous arrêtons à
Oudomxay pour la nuit avant de mettre le cap vers Luang Nam Tha, petite ville située
à un jet de pierre de la Chine.
Nous faisons rapidement connaissance avec ce nouveau
pays. Il suffit de deux minutes pour qu’on nous propose de l’opium (nous sommes
dans le Triangle d’or). Nous sommes étonnés par les ravages de l’inflation
puisque les prix semblent avoir explosé depuis quelques années. Une fois bien
installés chez une dame qui ressemble à Michael Jackson (en Asie, les gens
essaient de conserver un teint pâle, signe de beauté), nous faisons une longue promenade
vers une chute où nous prévoyons nous baigner. On oublie simplement de nous
informer, lorsque nous payons l’entrée, qu’il n’y a pas d’eau à ce moment de
l’année. C’est comme vendre des billets de ski en été. De toute façon, nous
passons à travers des villages où vit une ethnie qui a préservé ses vêtements
traditionnels. Une sacrée belle balade.
Le lendemain, nous continuons notre visite des
environs de Luang Nam Tha à vélo. Nous faisons la tournée des villages
« ethniques » en passant à travers des rizières et en traversant des
ponts de bambou. Au moment où le soleil devient insoutenable, nous arrivons
enfin en ville où nous passons un après-midi tranquille. Le plus agréable est
sans aucun doute le marché de nuit où nous soupons chaque soir. Nous achetons
un poulet ou un canard que nous accompagnons d’un demi-kilo de riz collant et
d’une bonne Beerlao, la meilleure bière
commerciale d’Asie du Sud-Est. Les os, nous les offrons aux chiens errants qui
restent à nos côtés pendant tout le repas. Charmant.
Dégoûtés par le prix des randonnées organisées, nous
choisissons de continuer notre visite de la région en scooter. Deux Français nous disent qu’il est possible de faire en scooter une boucle qui nous mène dans
des coins reculés près de la Chine et de la Thaïlande. Enthousiasmés, nous
partons vers Muang Sing et profitons des paysages de montagne tout au long de
la route. Après un court arrêt pour manger, nous poursuivons dans les montagnes
pour visiter un village Hmong et un village Akha. L’accueil est sympathique
lors de notre premier arrêt. Rachel en profite pour échanger des signes avec
les enfants qui n’arrêtent pas de rire. Nous ne nous éternisons pas trop longtemps
ici et passons au village suivant où les paysages sont encore plus magnifiques.
En passant à travers la localité, nous nous rendons compte que nous sommes
allés un peu trop creux dans les montagnes. Ici, les femmes portent de longues jupes
attachées sous leurs seins qui sont nus et le village vit encore de façon très
traditionnelle. Nous ne souhaitons pas faire du voyeurisme et rebroussons le
chemin immédiatement. Ici, ce n’est tout simplement pas un endroit pour les
touristes.
De retour à Muang Sing, nous décidons de pousser un
peu plus loin pour entreprendre la boucle. Rapidement, nous roulons sur un
chemin de terre dans un état pitoyable, parsemé de roches pointues. Nous
avançons péniblement puisque les camions soulèvent la poussière que nous
respirons abondamment. Évidemment, ce qui doit arriver arrive après une
vingtaine de kilomètres: une crevaison. Nous traînons le scooter sur quelques centaines de mètres et trouvons une petite
maison où un homme accepte de nous aider. Malheureusement, il n’a que des tripes
pour les motos semi-automatiques et il a l’air de nous trouver bizarres de
rouler ici en scooter (merci du
conseil, chers Français…). Pour ajouter à notre peine, nous sommes dans un coin
perdu et bien des gens ne parlent même pas lao, alors imaginez l’anglais...
Nous réussissons quand même à nous comprendre et le gars décide de faire le
changement de tripe même si celle-ci n’est pas de la bonne dimension. Nous
espérons que la réparation tiendra jusqu’au retour à Muang Sing.
Nous démarrons et, après un kilomètre, nous sommes peu
étonnés d’entendre le bruit d’une nouvelle crevaison. Désemparés, nous marchons
avec le scooter à la recherche d’une
meilleure solution. Après quelques kilomètres, nous arrêtons dans une plantation
de bananes où Guillaume demande de l’aide. Ici non plus, les gens ne parlent manifestement
pas Lao puisqu’il s’agit de Chinois qui s’occupent du domaine. Après beaucoup
de tergiversations, Guillaume part avec le gars à la recherche d’une tripe de scooter qu’ils ne trouvent pas.
Nous
finissons par nous rendre à une station d’essence où un gars vient nous
rejoindre, le seul dans le coin qui parle anglais. À partir de ce moment, les
choses vont vite et nous trouvons un tuk-tuk qui vient chercher notre scooter pour le ramener à Muang Sing où
il sera plus facile de trouver une tripe. Heureusement, les gens du coin ne
sont pas trop habitués à arnaquer les touristes et nous nous en sortons à bon
compte. Une fois à Muang Sing, nous faisons réparer le pneu, mangeons dans un bon
restaurant typique de la région et couchons sur place pour pas cher. Le moral
est bon et il l’a été toute la journée malgré cette série de mésaventures.
Le lendemain, nous revenons tranquillement vers Luang
Nam Tha, nous dormons un peu et partons vers Luang Prabang.
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