Vang Vieng: vie et mort du tubing

Vang Vieng est une ville mythique dans l'esprit des jeunes voyageurs en Asie du Sud-Est. En résumé, on vient ici pour faire du tubing qui consiste à descendre une rivière assis sur une chambre à air. Avec le temps, il s'est développé une infrastructure de bars en bordure de la rivière où les adeptes du tubing s’arrêtent pour consommer de l'alcool, notamment les fameux buckets, un mélange de whisky local, de coke et allez savoir quoi d’autre. Pour attirer les clients, le personnel lance des cordes pour remorquer les clients hors de l'eau, organise d'innombrables jeux incitant à consommer plus d’alcool et donne des shooters aux plus motivés.

Au-delà du volet alcool, chaque bar qui se respecte possède une corde à Tarzan pour se lancer dans l'eau, une Tyrolienne ou un terrain de volley-ball dans la boue. Inutile de vous dire que ce beau mélange fait en sorte qu'il s'agit d'un des lieux les plus débridés de la planète. Après le tubing, il est toujours possible de manger dans un restaurant avec un menu « spécial » où vous pouvez ajouter quelques ingrédients à votre plat : marijuana, champignons magiques ou opium. Les plus calmes choisiront de tuer le temps dans l’un des nombreux restaurants où l'on joue en boucle des séries télévisées comme « Friends » ou « Family Guy ». Évidemment, la fin de soirée se passe sur Party Island, le seul endroit au Laos qui ne respecte pas le couvre-feu imposé aux bars à 23h30.

Mais ça, c'était dans le bon vieux temps.

En effet, exacerbé par la mort fréquente de touristes dans les eaux de la rivière (corde à Tarzan + alcool = mauvaise idée), le gouvernement s'est enfin décidé à mettre fin au party. À l'automne dernier, les autorités ont détruit tous les bars en bordure de la rivière et sur Party Island. Un pan important de la mythologie entourant la Banana Pancake Trail s'est éteint le même jour. Depuis, la ville vit une crise importante du tourisme.

Le néo-tubing : les buckets et les morons en moins.

Sincèrement, nous étions plus ou moins motivés à l'idée de venir à Vang Vieng puisque nous tentons généralement d'éviter ce genre de foule. Avec la fermeture des bars et la chute du touriste, nous avons vu une opportunité de faire du tubing, sans les buckets et les prix Nobel qui fréquentent les bars.

Équipés d'une chambre à air et de quelques Beerlao bien froides (ben quoi, il faut bien faire vivre la tradition!), nous sautons à l'eau et entreprenons la descente de la rivière.

Lors du premier kilomètre, nous apercevons les vestiges des anciens bars qui faisaient la réputation de Vang Vieng. La vue sur les montagnes des environs est sublime.

Nous arrêtons nous baigner sur une paisible plage et pouvons même entendre les oiseaux, une chose impensable il y a à peine quelques mois. Nous passons un bon quatre heures sur l'eau avant d'arriver en ville. Dire qu'avant, très peu de gens terminaient la descente puisqu'ils étaient trop saouls et restaient dans les bars du premier kilomètre. Nous apprécions beaucoup l'expérience dans sa nouvelle mouture.

Le lendemain, nous retournons à l'eau, mais cette fois en kayak. La matinée commence par la visite d'une cave en tubing et l'attente interminable pour manger et enfin partir en kayak. On se demande parfois s'il n'y a pas une compétition entre les tours organisés pour savoir lequel est le plus broche à foin. Néanmoins, nous finissons par descendre une quinzaine de kilomètres sur la rivière. En revenant le soir, Guillaume constate qu'il ne trouve plus la clé de notre cadenas apposé à notre porte de chambre. Elle se trouve probablement dans le fond de la rivière à Vang Vieng.

Il s'ensuit une série de tentatives pour briser ou couper le cadenas, jusqu'à ce que le propriétaire de la guesthouse finisse par utiliser une scie électrique sous le regard amusé des autres clients.

Profitez du nouveau Vang Vieng avant qu'ils leur passent à l'esprit de revenir à l'ancienne version...